Elle n’est pas le trésor enfoui

Qu’on blesse sa vie à chercher

La récompense, le prix

Qu’il suffirait de mériter

Elle n’est pas dans l’ordre des choses

Ni le trophée des additions

Non plus dans le parfum des roses

La vanité des collections

 

Elle n’est pas gloire

Elle n’est pas pognon

Pas perdue dans l’Histoire

Dans la foi ni la raison

 

 

Pas dans le pessimisme

L’attente de la  moisson

Dans le Matérialisme

Ou la richesse des nations

 

 

Elle n’est pas dans l’ombre

Ni sous les jupes de Manon

Elle n’est pas dans les nombres

Ou dans la joie des lampions

Elle ne m’est pas promise

Assurée par contrat

Et quoi qu’on en dise

Ce n’est pas elle qui me tuera

 

J’ai posé tant de pierres

Essayé d’être utile

On croyait qu’on vidait la mer

C’est l’entrain des imbéciles

Il n’y a rien ici à gagner

Pour (celui) qui nait les mains vides

Ma part, je ne l’ai pas volée

Elle déplait aux avides

 

Ma part du magot, mon butin

Ma part, en fait je l’aime bien

Il suffit de la prendre

Je ne sais pas attendre

Elle n’est pas fonctionnelle

Plutôt passionnelle

 

​Elle n’est pas dans la tradition

Dans le respect des sépultures

Dans le sang des révolutions

Le rugissement des voitures

Dans le mépris des veaux

Dans la quête du sens

Le confort des troupeaux

Ou le gavage des panses

 

Ma part, ma part...

 

Elle est derrière la prochaine porte, Dans le brouillon des expériences

Elle est quand le diable m’emporte, Sans souci des conséquences

Elle est dans la joie des enfants, Les femmes de l’Odyssée

Dans la chute des puissants, L’exhumation des pêchés

Dans la grâce des larmes, La corrosion des armes

Dans l’espoir d’en finir, L’ironie de tenir

Dans l’intelligence et quand tourne la chance

« Abandon » me dit-elle

 

Dans le métissage, Dans la voix des sages

Dans Lynch et Nabokov, dans une rime en Ov

Dans l’oubli des familles et sur la peau des filles

La folie rationnelle

 

Dans l’orgueil des graphes, vacuité des épitaphes

Dans les mots indigestes, dans la beauté du geste

Dans les champs de fraises, la javanaise

Quand j’oublie ce qu’il reste à faire…

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